Content de vous voir!

L’Opportun, 2020

Traduit en polonais et en sud-coréen

L’époque à laquelle nous vivons est truffée de paradoxes. Il nous faut savoir garder nos distances, tout en continuant à nouer des relations humaines chaleureuses. Le web, sésame attendu du lien social, n’empêche pas un isolement physique et moral grandissant. On nous invite à accepter nos défauts, mais derrière cette bienveillance de façade, les canons de beauté irréalistes continuent de pulluler, créant de nouveaux complexes. Tout et son contraire se tutoient. Et au milieu, il y a nous. Vous. Une armée de maladroits sociaux en puissance.

Plus que jamais, la rencontre avec l’Autre est remise en question par les bouleversements qui agitent l’actualité. Dans ce contexte changeant, une seule réalité demeure, inébranlable : celle des silences gênés, des incompréhensions, des petits tracas coutumiers. En elle, nous nous rassemblons. En elle, nous retrouvons le même ADN de ce curieux animal qu’est l’être humain.

Des milliers de livres ont été écrits sur la grande marche des sociétés, leurs progrès et leurs ruines ; alors nous nous contenterons des miettes. De ses réalités quotidiennes, ses travers, ses maladresses. Pourquoi l’Homme, génie qui un demi-siècle plus tôt posa le pied sur la Lune, ne sait-il toujours pas meubler un silence dans un ascenseur ? La science s’est penchée sur le sujet, mais faute de réponse définitive, elle a préféré jouer à la belote. Et on la comprend.

Sommes-nous tous devenus des maladroits sociaux ? Sans doute pas. Mais dans le fond, peut-être que nous l’avons toujours été. Personnellement, je retrouve l’humanité dans un sourire fuyant, dans un geste qui trahit une gêne manifeste, dans une faute de goût tellement surprenante (le col roulé avec cravate) qu’elle en devient grandiose. Les maladroits de ce monde – les casaniers, les introvertis, les réservés, les embarrassés et les confus – sont mes héros. Cet ouvrage vise, aussi modestement que possible, à leur rendre l’hommage qu’ils méritent. Et, aujourd’hui plus que jamais, nous semblons avoir besoin de leurs lumières et de leur humble philosophie.

« Nous sommes donc passés de la traditionnelle fête de village aux afterworks, des bals musette au chat en ligne via Skype. […] On effleure pourtant un paradoxe de taille : soufflé par la révolution Internet, notre génération n’a jamais été autant connectée ; pourtant, elle ne s’est jamais sentie aussi seule. »

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